Berliner Boersenzeitung - "Les oiseaux ne viennent plus": le nord du Nigeria face à la perte de biodiversité

EUR -
AED 4.324256
AFN 78.159711
ALL 96.383177
AMD 449.157005
ANG 2.108143
AOA 1079.738783
ARS 1707.874441
AUD 1.756
AWG 2.119738
AZN 2.000287
BAM 1.953036
BBD 2.371843
BDT 143.906326
BGN 1.955191
BHD 0.444171
BIF 3482.670891
BMD 1.177469
BND 1.51196
BOB 8.155423
BRL 6.501392
BSD 1.177633
BTN 105.803254
BWP 15.480025
BYN 3.437335
BYR 23078.382605
BZD 2.368438
CAD 1.610312
CDF 2590.430646
CHF 0.92851
CLF 0.027159
CLP 1065.420414
CNY 8.275838
CNH 8.252064
COP 4408.206571
CRC 588.167552
CUC 1.177469
CUP 31.202915
CVE 110.10916
CZK 24.255967
DJF 209.259427
DKK 7.469536
DOP 73.815527
DZD 152.411549
EGP 55.986858
ERN 17.662028
ETB 183.219906
FJD 2.671908
FKP 0.873156
GBP 0.872475
GEL 3.161506
GGP 0.873156
GHS 13.101402
GIP 0.873156
GMD 87.711644
GNF 10292.43287
GTQ 9.022231
GYD 246.37026
HKD 9.156248
HNL 31.041067
HRK 7.53285
HTG 154.191769
HUF 388.727076
IDR 19698.047161
ILS 3.7514
IMP 0.873156
INR 105.771583
IQD 1542.716556
IRR 49600.860368
ISK 147.999824
JEP 0.873156
JMD 187.84414
JOD 0.834831
JPY 183.703913
KES 151.834515
KGS 102.969389
KHR 4720.299202
KMF 492.181465
KPW 1059.742501
KRW 1700.794004
KWD 0.361706
KYD 0.981407
KZT 605.25337
LAK 25485.821075
LBP 105455.498466
LKR 364.544052
LRD 208.434113
LSL 19.599161
LTL 3.476759
LVL 0.712239
LYD 6.37298
MAD 10.744293
MDL 19.754956
MGA 5385.355108
MKD 61.564856
MMK 2472.482299
MNT 4186.078216
MOP 9.432809
MRU 46.632999
MUR 54.104315
MVR 18.191636
MWK 2042.001235
MXN 21.12342
MYR 4.762894
MZN 75.252358
NAD 19.599161
NGN 1707.85886
NIO 43.338662
NOK 11.782768
NPR 169.285406
NZD 2.01837
OMR 0.452732
PAB 1.177628
PEN 3.962692
PGK 5.085802
PHP 69.220433
PKR 329.881011
PLN 4.214724
PYG 7980.704715
QAR 4.292425
RON 5.092785
RSD 117.235839
RUB 93.019667
RWF 1715.165202
SAR 4.416325
SBD 9.600362
SCR 17.936872
SDG 708.250091
SEK 10.798899
SGD 1.512052
SHP 0.883406
SLE 28.34756
SLL 24690.93003
SOS 671.846267
SRD 45.138841
STD 24371.220655
STN 24.465374
SVC 10.304416
SYP 13019.126962
SZL 19.583283
THB 36.583811
TJS 10.822337
TMT 4.132914
TND 3.426051
TOP 2.835062
TRY 50.450053
TTD 8.010628
TWD 37.02232
TZS 2912.40591
UAH 49.679687
UGX 4250.98348
USD 1.177469
UYU 46.02486
UZS 14192.912426
VES 339.215528
VND 30990.970926
VUV 142.639174
WST 3.283513
XAF 655.027143
XAG 0.016365
XAU 0.000263
XCD 3.182168
XCG 2.122396
XDR 0.81366
XOF 655.02992
XPF 119.331742
YER 280.767332
ZAR 19.625454
ZMK 10598.631257
ZMW 26.584262
ZWL 379.144377
  • AEX

    -0.8500

    941.37

    -0.09%

  • BEL20

    -17.2000

    5040.37

    -0.34%

  • PX1

    0.0000

    8103.58

    0%

  • ISEQ

    -6.5200

    13037.23

    -0.05%

  • OSEBX

    4.1600

    1666.51

    +0.25%

  • PSI20

    13.8900

    8183.11

    +0.17%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    5.4700

    4214.37

    +0.13%

  • N150

    6.3700

    3753.91

    +0.17%

"Les oiseaux ne viennent plus": le nord du Nigeria face à la perte de biodiversité
"Les oiseaux ne viennent plus": le nord du Nigeria face à la perte de biodiversité / Photo: Suzanne Lassen - AFP

"Les oiseaux ne viennent plus": le nord du Nigeria face à la perte de biodiversité

Les histoires de la vie au bord de la rivière Matan Fada, dans le nord-ouest du Nigeria, ressemblent à des légendes. Les crocodiles ne sortent pas de l'eau le vendredi. Il y a cinquante ans, il suffisait de se baisser pour attraper les poissons, si nombreux qu'il en tombait même des arbres.

Taille du texte:

Ce qui est certain, c'est que les hippopotames qui peuplaient la rivière sont partis. Les pélicans ne s'y arrêtent plus dans leur migration entre l'Europe et l'Afrique et on ne pêche plus de "kumba", ce coquillage que les femmes concassaient pour fabriquer la poudre noire qui maquillait leurs yeux.

Safiya Magagi, 61 ans, a passé toute sa vie à Argungu, petite ville riveraine. Enfant, elle aimait se réveiller tôt, à la saison où les oiseaux migrateurs nichaient dans la région.

"Les oiseaux ramenaient les poissons dans leurs nids pour nourrir leurs petits, il y en avait tellement qu'ils tombaient des arbres et nous n'avions qu'à tendre la main pour les récupérer", se remémore-t-elle, tout en déplorant que "les enfants d'aujourd'hui ne connaissent pas cette joie".

Dans l'Etat de Kebbi, le temps de l'abondance est révolu.

"Particulièrement vulnérable" aux effets du changement climatique, selon Joseph Daniel Onoja, directeur de la Nigerian Conservation Foundation (NCF), cette région du nord-ouest, aux portes du Sahel, voit "le désert approcher très rapidement".

"La hausse des températures et l'évaporation excessive qui en résulte" et "les précipitations plus faibles" contribuent au "rétrécissement des plans d'eau", souligne Talatu Tende, écologue au centre de recherche ornithologique Aplori de Jos, dans le centre du Nigeria.

Conséquence, la nourriture se raréfie pour les oiseaux migrateurs, qui "ne sont plus aussi nombreux ou même arrêtent complètement de venir", ajoute-t-elle.

Husaini Makwashi, 42 ans, l'un des chefs d'une communauté de pêcheurs d'Argungu, confirme ne plus voir certains de ces oiseaux migrateurs.

"L'arrivée de tel oiseau signifiait que la saison des pluies approchait, les gens commençaient à réparer leurs toits et préparer leurs champs", se rappelle-t-il.

- La rivière rétrécit -

Cette région de savane voit ses paysages se transformer à cause de la météo et des activités humaines.

La démographie est galopante dans l'Etat de Kebbi, où le taux de fécondité est l'un des plus élevés du pays. Les habitants coupent de plus en plus d'arbres pour se procurer du bois de chauffage.

La campagne a perdu ses dattiers et ses karités. Les immenses kapokiers et leurs fruits remplis de coton, utilisés pour fabriquer des matelas, ont été coupés. Restent les margousiers, les manguiers et quelques baobabs.

Les marais et trous d'eau se sont taris ou ont été pompés par des agriculteurs pour leurs cultures.

L'Afrique n'émet que 3,8% des gaz à effet de serre dans le monde, mais elle subit sévèrement les effets du changement climatique.

A Argungu, les températures dépassent 40°C depuis deux mois. Selon les scientifiques, l'année 2024 est la plus chaude jamais mesurée. En Afrique de l'ouest, les températures moyennes observées ont augmenté de 1 à 3°C depuis les années 1970.

Avec une augmentation des températures de 2°C, 36,4% des espèces de poissons d'eau douce devraient être vulnérables à l'extinction d'ici 2100, prévoit le Giec.

"Quand les pluies diminuent, la végétation se raréfie, il y a un excès d'évaporation, ce qui rend les sols encore plus secs" et altère la biodiversité, explique Joseph Daniel Onoja, de la NCF.

Et lorsque la végétation diminue, "la biodiversité aviaire, et les êtres humains qui dépendent de ces habitats, sont inévitablement affectés", insiste-t-il.

L'émir d'Argungu, Alhaji Samaila Muhammad Mera, regrette que "la désertification ait avalé des milliers de terres arables" ainsi que la disparition des "nombreux lacs où les gens allaient pêcher".

Pour préserver les poissons, le chef traditionnel a imposé des restrictions pour la pêche, ce qui agace certains habitants. "Mais si l'on ne fait rien, la vie telle qu'on la connaît dans cette partie du pays va cesser et les gens seront contraints de migrer", craint-il.

Les ressources halieutiques constituent la principale source de protéines animales pour environ 30% des Africains, selon le Giec.

Pour l'instant, il est encore "facile" d'être pêcheur à Argungu. Les poissons, bien que moins nombreux, sont toujours là. Mais "la rivière a rétréci" et certaines espèces ont disparu, constate Ahmed Musa, un pêcheur de 25 ans.

- Insécurité alimentaire -

Pour les agriculteurs proches de la rivière, l'irrigation est facile et les récoltes satisfaisantes, grâce "aux engrais et aux pesticides".

Mais pour ceux plus éloignés, la situation se détériore.

"Avant, on récoltait cent sacs de millet dans ce champ, maintenant on arrive à peine à en avoir soixante", explique Murtala Danwawa, 30 ans. Autrefois, il pouvait "pleuvoir sans discontinuer pendant une semaine" en pleine saison des pluies.

Alors, en période de soudure, il abandonne ses champs et fait pousser de la canne à sucre dans le petit trou d'eau voisin, afin de la vendre pour nourrir sa famille.

En Afrique, le changement climatique a réduit la productivité agricole de près de 34% depuis les années 1960, plus que dans toute autre région du globe, estime le Giec.

En 2025, 33 millions des quelque 220 millions d'habitants du Nigeria feront face à une insécurité alimentaire sévère, prévoient les Nations unies.

(P.Werner--BBZ)