Berliner Boersenzeitung - "Erreur 404" : retour sur 48 heures de chaos en Afghanistan

EUR -
AED 4.278661
AFN 76.972265
ALL 96.540713
AMD 443.663031
ANG 2.085508
AOA 1068.353542
ARS 1670.714664
AUD 1.756079
AWG 2.097095
AZN 1.970474
BAM 1.955612
BBD 2.345474
BDT 142.476293
BGN 1.955656
BHD 0.439209
BIF 3440.768991
BMD 1.165053
BND 1.508555
BOB 8.047226
BRL 6.31668
BSD 1.164488
BTN 104.703275
BWP 15.471512
BYN 3.347964
BYR 22835.037223
BZD 2.342065
CAD 1.608688
CDF 2600.397817
CHF 0.938578
CLF 0.027417
CLP 1075.580909
CNY 8.23704
CNH 8.2328
COP 4467.977946
CRC 568.845276
CUC 1.165053
CUP 30.873902
CVE 110.25534
CZK 24.258501
DJF 207.370051
DKK 7.469055
DOP 74.53283
DZD 151.520976
EGP 55.366828
ERN 17.475794
ETB 180.628723
FJD 2.628245
FKP 0.873824
GBP 0.874867
GEL 3.139789
GGP 0.873824
GHS 13.246669
GIP 0.873824
GMD 85.048888
GNF 10118.983106
GTQ 8.920257
GYD 243.635516
HKD 9.064467
HNL 30.671049
HRK 7.532648
HTG 152.445334
HUF 383.361244
IDR 19448.519649
ILS 3.735515
IMP 0.873824
INR 104.913948
IQD 1525.546692
IRR 49063.33837
ISK 148.823543
JEP 0.873824
JMD 186.392069
JOD 0.82602
JPY 181.306736
KES 150.583249
KGS 101.883998
KHR 4662.551453
KMF 491.652703
KPW 1048.547475
KRW 1708.981376
KWD 0.357764
KYD 0.970502
KZT 588.920817
LAK 25252.462287
LBP 104282.820234
LKR 359.193903
LRD 204.962921
LSL 19.736317
LTL 3.440098
LVL 0.704729
LYD 6.330391
MAD 10.755665
MDL 19.814009
MGA 5194.500278
MKD 61.568832
MMK 2446.644943
MNT 4133.578153
MOP 9.338262
MRU 46.438533
MUR 53.732545
MVR 17.936903
MWK 2019.305739
MXN 21.199973
MYR 4.791898
MZN 74.458323
NAD 19.736317
NGN 1690.43337
NIO 42.855693
NOK 11.792101
NPR 167.522884
NZD 2.016375
OMR 0.447959
PAB 1.164588
PEN 3.914423
PGK 4.941503
PHP 68.846439
PKR 326.474692
PLN 4.229655
PYG 8009.229496
QAR 4.244746
RON 5.08965
RSD 117.407045
RUB 89.299023
RWF 1694.337001
SAR 4.373105
SBD 9.589075
SCR 15.747417
SDG 700.782152
SEK 10.960066
SGD 1.51073
SHP 0.874091
SLE 27.666933
SLL 24430.575028
SOS 664.33609
SRD 45.004845
STD 24114.243202
STN 24.497538
SVC 10.189976
SYP 12881.793236
SZL 19.721103
THB 37.106778
TJS 10.68471
TMT 4.089336
TND 3.416115
TOP 2.805168
TRY 49.587915
TTD 7.89502
TWD 36.254936
TZS 2857.291024
UAH 48.888497
UGX 4119.586008
USD 1.165053
UYU 45.546205
UZS 13931.71953
VES 296.566475
VND 30710.794959
VUV 141.953636
WST 3.248878
XAF 655.893902
XAG 0.019938
XAU 0.000277
XCD 3.148613
XCG 2.098789
XDR 0.815722
XOF 655.893902
XPF 119.331742
YER 277.923824
ZAR 19.779921
ZMK 10486.868965
ZMW 26.92341
ZWL 375.146565
  • AEX

    0.9500

    948.44

    +0.1%

  • BEL20

    10.5600

    5040.22

    +0.21%

  • PX1

    -13.7900

    8100.6

    -0.17%

  • ISEQ

    -34.4000

    12707.68

    -0.27%

  • OSEBX

    1.8000

    1634.31

    +0.11%

  • PSI20

    -8.2000

    8190.45

    -0.1%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    -87.0000

    4263

    -2%

  • N150

    12.9000

    3698.23

    +0.35%

"Erreur 404" : retour sur 48 heures de chaos en Afghanistan
"Erreur 404" : retour sur 48 heures de chaos en Afghanistan / Photo: Wakil KOHSAR - AFP

"Erreur 404" : retour sur 48 heures de chaos en Afghanistan

Banques paralysées, avions cloués au sol, hôpitaux dépassés : pendant deux jours, la vie s'est arrêtée en Afghanistan quand les autorités talibanes ont coupé internet et le téléphone, prenant 48 millions d'Afghans de court.

Taille du texte:

Si depuis des semaines, elles s'attelaient à restreindre, sur ordre du chef suprême des talibans, l'émir Hibatullah Akhundzada, les connexions par fibre optique de plusieurs provinces pour empêcher la "diffusion du vice", personne à Kaboul n'imaginait, lundi, une coupure nationale.

Sur les hauteurs de la capitale, une cuvette entourée de montagnes, les bras tendus vers le ciel, des Kaboulis ont d'abord tenté de capter un peu de réseau, ou acheté des cartes SIM de différents opérateurs, avant de se résigner.

Ils ont alors réalisé qu'ils ne pouvaient plus donner de nouvelles à la famille éloignée ou en exil ni, surtout, recevoir les précieux transferts de fonds de la diaspora pour payer leurs factures.

Les habitants d'Herat, dans l'Ouest, et de Kandahar, bastion taliban du Sud, avaient, eux, un avantage : en se rendant à la frontière, ils pouvaient capter les signaux des pays voisins, l'Iran et le Pakistan.

Mais à Kaboul, où des hélicoptères volaient, ajoutant à la psychose d'un pays coupé du monde, la rumeur enflait.

Certains imaginaient que les Américains avaient débarqué pour "reprendre l'ancienne base américaine de Bagram", abandonnée à leur retrait en 2021 et récemment réclamée par leur président Donald Trump.

D'autres murmuraient, à tort, que le chef suprême avait limogé le ministre de l'Intérieur Sirajuddin Haqqani, qui passe pour être sur une ligne dissidente au sein du mouvement selon les experts, et que la lutte intestine était lancée.

-"Bientôt la bougie?"-

Dans le pays, déjà l'un des plus pauvres au monde, le système bancaire a cessé de fonctionner.

"Le retrait de liquide, les paiements par carte, les transferts de fonds : tout repose sur internet, on ne peut rien faire sans", explique à l'AFP le directeur d'une banque privée.

Pour les Afghans, pas d'autre choix que vivre avec le cash qu'ils avaient sur eux au moment de la coupure.

Dans les rues à moitié désertes, les forces de sécurité talibanes, elles, communiquaient encore via talkie-walkie.

"En 14 ans de métier, je n'ai jamais rien vu de tel. Après, ce sera quoi ? Couper l'électricité pour revenir à la bougie?", pestait, sous couvert d'anonymat, l'un d'eux.

Les vols nationaux et internationaux étaient aussi cloués au sol. Mais sans moyen d'être prévenus, les passagers continuaient d'affluer, accueillis par des écrans d'affichage obstinément vides.

"Je reste à la maison car que se passerait-il s'il m'arrivait quelque chose? Je ne peux prévenir ni la police, ni ma famille", s'inquiétait une Afghane.

Du jour au lendemain, selon l'association MalalaFund, 2 millions d'Afghanes ont perdu les cours en ligne qui leur permettaient de contourner l'interdiction d'aller à l'école au-delà du primaire.

"J'ai eu très peur que ça dure et que je rate ma licence... les cours en ligne, c'est tout ce qui me reste", racontait mercredi une étudiante de 20 ans à l'AFP.

Pour les autorités, comme pour les entreprises privées, sans services numériques ni livraison, les conséquences économiques ont été importantes, soulignent les experts.

"Dix ans ne suffiraient pas à compenser les pertes de ces deux derniers jours", se désole Khanzada Afghan, gérant d'une épicerie de Jalalabad (est) qui a renvoyé ses employés chez eux.

"Je supplie nos dirigeants de nous dire la raison de cette coupure, de ne pas nous laisser dans l'ignorance, l'ennemi pourrait profiter de la situation", s'inquiète cet homme de 45 ans.

- "S'envoyer des pigeons voyageurs"-

Les urgences des hôpitaux, elles, étaient très peu remplies, a constaté l'AFP. Pour les consultations quotidiennes, Dr Sultan Aamad Atef, seul neurologue d'Afghanistan, a noté une baisse de 30% de sa patientèle.

"Sans rendez-vous en ligne, les malades doivent se présenter spontanément et espérer que je puisse les prendre, ou attendre, parfois pour rien", pointe-t-il.

S'il peut quand même accéder à leurs dossiers médicaux, via un système hors-connection, il souligne les difficultés pour ses patients de régler ses honoraires.

"Mardi j'ai diagnostiqué un cancer à l'un de mes patients et il devait se faire opérer en urgence. Pour rassembler l'argent liquide auprès de sa famille, un de ses proches a dû faire plus d'un jour de route".

La responsable d'une maternité qui tourne au ralenti, au deuxième jour de coupure, était elle aussi désemparée : "avant, je suivais le cas de mes patientes enceintes par WhatsApp et leur disait de venir au besoin".

"Je travaille du matin au soir et quand je quitte l'hôpital, je n'ai plus aucun moyen d'être d'astreinte et de revenir en cas d'urgence", a-t-elle raconté à l'AFP.

Ses collègues racontent avoir cessé les dons de sang, alors que jusque-là les demandes se faisaient aux proches par WhatsApp.

"Les mères qui accouchent ne peuvent parfois pas joindre leur mari, ou leur mahram [le chaperon mâle que les autorités talibanes imposent aux Afghanes] pour les emmener à l'hôpital et il n'y a plus d'ambulances. Leurs proches ignorent même qu'elles ont accouché", poursuit-elle.

"Toute la vie est paralysée, il n'y a aucune solution. Que ferons-nous si c'est définitif ? Il faudra s'envoyer des pigeons voyageurs?", ironise-t-elle.

Mais mercredi soir, le réseau téléphonique et internet ont progressivement été rétablis. Immédiatement, les rues se sont remplies, amis et familles investissant les restaurants après avoir pu se parler. Les automobilistes ont klaxonné et l'agitation avait, selon Shorab Ahmadi, un livreur de 26 ans, "des allures de célébrations de l'Aïd"!

"La ville est à nouveau vivante", s'est réjouit auprès de l'AFP Mohammad Tawab Farooqi, gérant d'un restaurant de Kaboul, tout en consultant son téléphone.

Mais pour combien de temps? Les autorités talibanes n'ont fait aucun commentaire sur la coupure des télécommunications pour le moment, prévenant simplement "qu'elles communiqueraient toute nouvelle décision".

(T.Renner--BBZ)