Berliner Boersenzeitung - En Sibérie, le dégel du pergélisol constelle le paysage d'intrigantes bosses

EUR -
AED 4.227921
AFN 81.915001
ALL 98.109906
AMD 445.651011
ANG 2.060282
AOA 1055.685733
ARS 1340.627588
AUD 1.794926
AWG 2.072229
AZN 1.961445
BAM 1.959559
BBD 2.331313
BDT 141.210882
BGN 1.953938
BHD 0.434352
BIF 3438.376292
BMD 1.151238
BND 1.483294
BOB 7.9782
BRL 6.350344
BSD 1.154635
BTN 99.956877
BWP 15.562123
BYN 3.778747
BYR 22564.272529
BZD 2.31939
CAD 1.583091
CDF 3312.112972
CHF 0.94079
CLF 0.0282
CLP 1082.163738
CNY 8.275679
CNH 8.272425
COP 4700.126455
CRC 582.908053
CUC 1.151238
CUP 30.507817
CVE 110.475964
CZK 24.821879
DJF 205.618004
DKK 7.459212
DOP 68.470155
DZD 149.97381
EGP 58.487973
ERN 17.268576
ETB 158.774315
FJD 2.610605
FKP 0.855702
GBP 0.85693
GEL 3.130823
GGP 0.855702
GHS 11.89271
GIP 0.855702
GMD 82.317384
GNF 10003.929619
GTQ 8.873946
GYD 241.561283
HKD 9.037083
HNL 30.155322
HRK 7.535544
HTG 151.536741
HUF 403.437703
IDR 19007.694196
ILS 3.974656
IMP 0.855702
INR 99.96088
IQD 1512.588425
IRR 48495.917487
ISK 142.995158
JEP 0.855702
JMD 184.066288
JOD 0.816248
JPY 169.323782
KES 148.741506
KGS 100.676031
KHR 4627.716452
KMF 492.152207
KPW 1036.114554
KRW 1589.422494
KWD 0.352613
KYD 0.962237
KZT 603.362175
LAK 24910.785792
LBP 103457.35587
LKR 346.962557
LRD 230.920965
LSL 20.84699
LTL 3.399308
LVL 0.696373
LYD 6.294183
MAD 10.538378
MDL 19.854604
MGA 5159.943022
MKD 61.528234
MMK 2417.260079
MNT 4124.899362
MOP 9.335627
MRU 45.640759
MUR 52.680676
MVR 17.734823
MWK 2002.158086
MXN 22.168137
MYR 4.929591
MZN 73.632862
NAD 20.846809
NGN 1789.827383
NIO 42.490401
NOK 11.650762
NPR 159.930012
NZD 1.942703
OMR 0.442665
PAB 1.1546
PEN 4.146254
PGK 4.827134
PHP 66.315362
PKR 327.631179
PLN 4.273276
PYG 9215.838636
QAR 4.211142
RON 5.0331
RSD 117.219689
RUB 90.379723
RWF 1667.327362
SAR 4.31991
SBD 9.601822
SCR 16.629605
SDG 691.321326
SEK 11.151759
SGD 1.485103
SHP 0.904693
SLE 25.845211
SLL 24140.897729
SOS 659.877291
SRD 44.725806
STD 23828.310422
SVC 10.103293
SYP 14968.229493
SZL 20.843345
THB 38.001216
TJS 11.401873
TMT 4.029334
TND 3.417927
TOP 2.696317
TRY 45.712456
TTD 7.846985
TWD 34.156066
TZS 3073.806262
UAH 48.39245
UGX 4161.947617
USD 1.151238
UYU 47.210563
UZS 14500.690386
VES 118.067207
VND 30126.181922
VUV 138.041577
WST 3.175818
XAF 657.229165
XAG 0.031974
XAU 0.000343
XCD 3.111279
XDR 0.817382
XOF 657.229165
XPF 119.331742
YER 279.399392
ZAR 20.807941
ZMK 10362.52649
ZMW 26.701685
ZWL 370.698293
  • AEX

    4.2700

    912.8

    +0.47%

  • BEL20

    21.3100

    4460.71

    +0.48%

  • PX1

    -23.5300

    7566.15

    -0.31%

  • ISEQ

    -43.6100

    11137.2

    -0.39%

  • OSEBX

    -2.3000

    1641.56

    -0.14%

  • PSI20

    -46.9000

    7398.13

    -0.63%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    -10.9000

    2466.07

    -0.44%

  • N150

    -13.8900

    3548.69

    -0.39%

En Sibérie, le dégel du pergélisol constelle le paysage d'intrigantes bosses
En Sibérie, le dégel du pergélisol constelle le paysage d'intrigantes bosses / Photo: Ekaterina ANISIMOVA - AFP

En Sibérie, le dégel du pergélisol constelle le paysage d'intrigantes bosses

Dans l'immensité blanche de ce coin de Sibérie, les champs sont tapissés de bosses aux airs de brioches enneigées, des formes dues au dégel de plus en plus rapide du pergélisol qui remodèle le paysage, fait flancher les maisons et libère davantage de gaz à effet de serre.

Taille du texte:

En cette fin d'hiver, il fait -20°C et le paysage champêtre de Iakoutie, dans l'Extrême-Orient russe, est saturé de ces monticules formés par un processus appelé thermokarst.

Les polygones, nommés "bylars" en langue iakoute, mesurent plus d'un mètre de hauteur et ont des formes presque régulières.

Ils ne sont pas nouveaux, mais ils se multiplient à la faveur du changement climatique et du dégel accéléré du pergélisol, ce sol en théorie perpétuellement gelé et aussi appelé permafrost, explique Nikita Tananaev, directeur du laboratoire du climat de l'Université fédérale du Nord-Est à Iakoutsk, la capitale de la Iakoutie, immense région presque entièrement couverte par le pergélisol.

"Le sommet de ces formations reste stable. Seuls les espaces entre les monticules s'enfoncent", poursuit-il. Car la glace souterraine qui fond étant disposée en polygones, c'est son dégel qui crée les bosses. "Et avec le réchauffement climatique, la glace fond de plus en plus vite".

- Record de douceur -

Les monticules essaiment jusque dans les villes. Dans le gros bourg de Tchouraptcha, à 135 kilomètres de Iakoutsk, le terrain d'Innokenti Posselski comptait 20 bosses lorsqu'il l'a acheté l'an dernier pour y construire sa maison.

"Il y a une quarantaine d'années, il y avait un aérodrome ici et le terrain était assez plat", raconte M. Posselski, 34 ans. "Au cours des quarante dernières années, on a commencé à voir ce paysage se bosseler. C'est comme ça partout ici."

Le jeune homme n'a pour l'instant nivelé que la moitié de son terrain. Sa maison tient debout sur des pilotis profondément enfoncés dans le permafrost, comme tous les bâtiments de la région.

Car en Iakoutie, qu'ils soient d'habitation ou de commerce, la quasi-totalité des bâtiments sont montés sur des pieux qui descendent à plusieurs mètres dans le sol gelé.

Mais le dégel durable a déjà des conséquences bien visibles: à Iakoutsk, les murs de certains immeubles s'affaissent et se lézardent.

Mikhaïl Kouznetsov, patron de l'Agence fédérale pour le développement de l'Orient russe, indiquait en 2024 que "plus de 40%" des bâtiments situés en zone de pergélisol -- qui couvre 65% de la Russie -- étaient déformés en raison du dégel.

La faute en revient à l'augmentation des températures moyennes qui ont grimpé de "1,5°C au cours des 30 dernières années" en Iakoutie et "même jusqu'à 2°C par endroits", selon Nikita Tananaev du laboratoire du climat à Iakoutsk.

Pour preuve: il a fait -8°C en janvier à Iakoutsk, soit "la température la plus élevée jamais observée" en janvier dans cette région où le thermomètre descend en moyenne à -40°C pendant le premier mois de l'année.

Ces chiffres reflètent les statistiques des observatoires mondiaux: les deux dernières années -- 2023 et 2024 -- ont été les plus chaudes jamais mesurées, et sans doute les plus chaudes sur terre depuis 120.000 ans, selon des "archives climatiques" telles que les carottes de glace.

Un réchauffement largement causé par la combustion des énergies fossiles, la Russie étant par ailleurs le cinquième émetteur mondial de gaz à effet de serre.

- Virus et bactéries -

"Une différence d'un ou deux degrés Celsius, même si les températures sont négatives, est très importante en termes scientifiques car le pergélisol ne gèle pas aussi profondément que d'habitude", explique Alexandre Makarov, directeur de l'Institut de recherche sur l'Arctique et l'Antarctique à Saint-Pétersbourg.

Pour saisir l'ampleur du problème, l'Institut a déployé ces deux dernières années 78 puits d'observation du dégel du permafrost dans douze régions de Russie. A terme, il compte en installer 140.

Mais le dégel libère aussi davantage de dioxyde de carbone (CO2) et de méthane, deux gaz à effet de serre emprisonnés dans les glaces depuis des millénaires. Un phénomène qui alimente un cercle vicieux en aggravant le réchauffement climatique, accélérant par là-même le dégel du pergélisol.

Outre ses effets climatiques, la fonte du permafrost, qui abrite des bactéries et virus parfois oubliés, représente une menace sanitaire.

En 2016, un enfant est mort en Sibérie de la maladie du charbon (anthrax), pourtant disparue depuis 75 ans dans cette région. Pour les scientifiques, l'origine remontait très probablement au dégel d'un cadavre de renne mort de l'anthrax il y a plusieurs dizaines d'années.

Libérée, la bactérie mortelle, qui se conserve dans le permafrost pendant plus d'un siècle, a réinfecté des troupeaux.

(B.Hartmann--BBZ)