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Au lendemain de la violente agression à la prison d'Arles qui a plongé dans le coma le militant indépendantiste corse Yvan Colonna, son agresseur restait "taiseux" jeudi pendant que la tension montait en Corse, derrière un mot d'ordre: "L'Etat français assassin".
Yvan Colonna, 61 ans, était toujours dans le coma jeudi matin à Marseille, dans un état stable, a indiqué à l'AFP Me Patrice Spinosi, son avocat et celui de la famille Colonna, insistant sur le fait qu'il n'était pas en état de mort cérébrale.
Le militant, condamné à la perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac, a été victime "d'une strangulation à mains nues puis d'un étouffement" pendant qu'il faisait de la musculation seul, selon le procureur de Tarascon, Laurent Gumbau.
Jeudi matin son agresseur était toujours entendu à Marseille par les enquêteurs de la PJ, en charge de cette enquête pour "tentative d'assassinat".
"Il reconnaît être l'agresseur. Il est très taiseux. Il ne s'explique pas vraiment sur son geste. Il dit qu'il n'y avait pas d'animosité particulière avec Yvan Colonna ni aucun autre détenu", a déclaré à l'AFP Me Benoît David, l'avocat de Franck Elong Abé.
"Nous allons faire tout ce qu'il faut évidemment pour que la vérité soit faite", a promis sur France Inter le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
- "Gloire à toi Yvan" -
Mais en Corse les interrogations et les accusations fusent sur une possible responsabilité de l'Etat alors qu'Yvan Colonna réclamait de longue date son rapprochement sur l'île. Mais ses multiples demandes avaient été systématiquement refusées, le statut de "détenu particulièrement signalé" (DPS) du militant corse l'empêchant d'être transféré à la prison corse de Borgo.
Après des rassemblements à Ajaccio, Bastia et Corte mercredi soir, c'est l'université de Corte qui était bloquée jeudi matin.
Des poubelles et des palettes ont été disposées pour bloquer l'entrée. Sur la façade, deux banderoles portant des messages en corse étaient brandies: "statu francese Assassinu" (l'Etat français assassin) et "Gloria Ate Yvan" (Gloire à toi Yvan).
Une assemblée générale est prévue par les syndicats "à 14h00" à l'université "avec la totalité du peuple corse et des élus ou représentants" pour définir la suite de la mobilisation, a indiqué à l'AFP Armand Occhiolini, président du syndicat Ghjuventu Paolinaa.
Le parti indépendantiste Corsica Libera, qui participera à cette AG, "appelle d’ores et déjà à marcher contre la préfecture ce samedi à Ajaccio sous le mot d’ordre : +Statu francese assassinu+".
Jean-Christophe Angelini, qui appelle aussi à la mobilisation à Corte avec le parti autonomiste d'opposition PNC (Parti de la nation corse), a réclamé "la vérité sur cet acte inqualifiable", se demandant, au sujet de l'agresseur d'Yvan Colonna, "s'il a obéi à une pulsion de mort... ou à un ordre de mission ?"
Femu a Corsica, le parti autonomiste du président du conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni, a lui aussi appelé à rejoindre les syndicats à Corte, sur le campus Grimaldi. Il a enjoint "l'ensemble des Corses épris de justice et de démocratie à prendre part à cette assemblée pour déterminer une démarche commune dans le but de mettre la lumière sur le drame qui a touché Yvan Colonna".
Le berger de Cargèse avait été arrêté le 4 juillet 2003 près du village d'Olmeto (Corse-du-Sud), après quatre ans de cavale. Huit ans plus tard, et après trois procès, celui qui a toujours affirmé n'avoir "jamais tué" personne avait été condamné le 20 juin 2011 à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'assassinat du préfet Erignac.
(L.Kaufmann--BBZ)