Berliner Boersenzeitung - 50 ans après, les massacres de 1972 continuent de meurtrir le Burundi

EUR -
AED 4.313468
AFN 77.598705
ALL 96.698386
AMD 447.792527
ANG 2.102883
AOA 1077.044807
ARS 1692.205144
AUD 1.764354
AWG 2.114155
AZN 2.001365
BAM 1.955767
BBD 2.361861
BDT 143.307608
BGN 1.957508
BHD 0.440693
BIF 3466.042156
BMD 1.17453
BND 1.514475
BOB 8.102865
BRL 6.365607
BSD 1.17268
BTN 106.04923
BWP 15.537741
BYN 3.457042
BYR 23020.795811
BZD 2.358461
CAD 1.618445
CDF 2630.948518
CHF 0.936843
CLF 0.027253
CLP 1069.11676
CNY 8.28573
CNH 8.284609
COP 4466.125466
CRC 586.590211
CUC 1.17453
CUP 31.125056
CVE 110.26316
CZK 24.276491
DJF 208.826515
DKK 7.472132
DOP 74.548756
DZD 151.60847
EGP 55.571073
ERN 17.617956
ETB 183.229742
FJD 2.668303
FKP 0.879936
GBP 0.880161
GEL 3.175767
GGP 0.879936
GHS 13.461775
GIP 0.879936
GMD 85.741137
GNF 10198.829794
GTQ 8.98185
GYD 245.335906
HKD 9.138141
HNL 30.873485
HRK 7.537789
HTG 153.707435
HUF 385.234681
IDR 19536.845016
ILS 3.785271
IMP 0.879936
INR 106.37734
IQD 1536.174363
IRR 49474.161194
ISK 148.465122
JEP 0.879936
JMD 187.756867
JOD 0.832789
JPY 182.950774
KES 151.217476
KGS 102.713135
KHR 4694.921647
KMF 492.719958
KPW 1057.060817
KRW 1731.880759
KWD 0.360233
KYD 0.977284
KZT 611.589793
LAK 25422.575728
LBP 105012.44747
LKR 362.353953
LRD 206.976546
LSL 19.78457
LTL 3.468083
LVL 0.710462
LYD 6.369894
MAD 10.78842
MDL 19.823669
MGA 5194.913303
MKD 61.548973
MMK 2466.385496
MNT 4167.553805
MOP 9.403343
MRU 46.930217
MUR 53.93488
MVR 18.092159
MWK 2033.466064
MXN 21.157878
MYR 4.812408
MZN 75.064681
NAD 19.78457
NGN 1706.088063
NIO 43.15928
NOK 11.906572
NPR 169.679168
NZD 1.992587
OMR 0.449462
PAB 1.17268
PEN 3.948134
PGK 5.054916
PHP 69.43241
PKR 328.640215
PLN 4.225315
PYG 7876.868545
QAR 4.273829
RON 5.092651
RSD 117.378041
RUB 93.298443
RWF 1706.771516
SAR 4.407079
SBD 9.603843
SCR 17.649713
SDG 706.484352
SEK 10.887784
SGD 1.517615
SHP 0.881202
SLE 28.335591
SLL 24629.319496
SOS 668.988835
SRD 45.275842
STD 24310.407882
STN 24.499591
SVC 10.260829
SYP 12986.886804
SZL 19.77767
THB 37.109332
TJS 10.77682
TMT 4.122602
TND 3.428143
TOP 2.827988
TRY 50.011936
TTD 7.957867
TWD 36.804032
TZS 2902.351563
UAH 49.548473
UGX 4167.930442
USD 1.17453
UYU 46.019232
UZS 14127.764225
VES 314.116117
VND 30897.196663
VUV 142.580188
WST 3.259869
XAF 655.946053
XAG 0.018954
XAU 0.000273
XCD 3.174228
XCG 2.113465
XDR 0.815786
XOF 655.946053
XPF 119.331742
YER 280.129715
ZAR 19.820741
ZMK 10572.187233
ZMW 27.059548
ZWL 378.198309
  • AEX

    -7.3900

    939.59

    -0.78%

  • BEL20

    -14.0000

    4986.02

    -0.28%

  • PX1

    -16.9800

    8068.62

    -0.21%

  • ISEQ

    -56.8500

    12863.03

    -0.44%

  • OSEBX

    1.6400

    1642.81

    +0.1%

  • PSI20

    7.1900

    8001.36

    +0.09%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    -67.9300

    4286.65

    -1.56%

  • N150

    0.3700

    3695.55

    +0.01%

50 ans après, les massacres de 1972 continuent de meurtrir le Burundi
50 ans après, les massacres de 1972 continuent de meurtrir le Burundi / Photo: Yasuyoshi CHIBA - AFP

50 ans après, les massacres de 1972 continuent de meurtrir le Burundi

Elle a aujourd'hui 60 ans. Mais Laetitia Ngendakumana pleure encore comme la fillette de 10 ans qu'elle était en 1972, lorsque son père a disparu dans les massacres ethniques qui ont embrasé le Burundi, récemment qualifiés de génocide par une commission gouvernementale.

Taille du texte:

Comme pour beaucoup d'autres entre le 29 avril et la fin juin 1972, il y a 50 ans, le monde de cette famille hutu s'est écroulé avec l'arrestation par le pouvoir tutsi du patriarche, haut cadre dans une banque de Bujumbura, la plus grande ville du pays.

"On n'a jamais su où on avait emmené papa. Ce que je sais c'est (qu'ensuite) on nous a pillé tout ce qu'on avait", raconte en se triturant les mains Laetitia, dans la maison entourée de bananiers où elle vit désormais près de Gitega, la capitale politique.

Longtemps, 1972, surnommée dans les foyers l'"ikiza" (le fléau en langue nationale kirundi), est restée un tabou dans la sphère publique.

Quand en 2019, la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) mise en place par les autorités a annoncé rouvrir des fosses communes pour compter et tenter d'identifier les victimes, Laetitia en a immédiatement contacté les responsables.

Identifier des restes humains vieux de cinq décennies relève du miracle, mais l'agricultrice s'accrochait à un espoir: des prothèses dentaires.

"Mon père avait eu un accident (de voiture) et perdu ses dents. Il portait des prothèses en or. Je leur avais demandé qu'ils m'informent s'ils les découvraient", poursuit-elle.

"Ils m'ont appelée".

Cruelle ironie, les restes de son père se trouvaient à quelques kilomètres de chez elle, sur une autre colline boisée des environs de Gitega.

- "L'Etat a tué" -

Les événements de 1972 démarrent le 29 avril par des massacres perpétrés par des extrémistes hutu contre les Tutsi, notamment dans le sud du pays.

La répression se mue rapidement en massacres systématiques de l'élite hutu - cadres, enseignants mais aussi collégiens - faisant 100.000 à 300.000 morts selon les estimations.

Les Hutu représentent 85% de la population, contre 14% pour les Tutsi.

Les tueries ont touché tout le Burundi, mais Gitega en fut l'épicentre: s'y trouvait un camp militaire, où les victimes arrêtées à travers le pays transitaient, avant d'être tuées.

Dans cette région, la CVR a creusé neuf fosses communes, exhumant les restes d'environ 7.000 victimes. Des piles de crânes, d'os et des sacs de vêtements en lambeaux aujourd'hui entreposés dans la petite pièce sombre d'un bâtiment public en l'attente d'un mémorial.

Pour identifier les fosses de 1972 dans un pays meurtri par de nombreux massacres entre Hutu et Tutsi puis par une guerre civile (1993-2006) la CVR s'est appuyée sur les souvenirs, ou les découvertes macabres, des habitants.

"Quand nous disons 7.000 victimes c'est uniquement par rapport aux fosses qu'on a déjà trouvées, confirmées, exhumées", souligne le président de la CVR Pierre-Claver Ndayicariye, pour qui de nombreuses fosses restent inconnues.

Après trois ans d'enquêtes, la CVR a publié en décembre dernier un rapport d'étape qualifiant ces massacres de génocide et de crimes contre l'humanité.

"En 1972, l'Etat a tué ses populations", martèle Pierre-Claver Ndayicariye.

"Il s'agit d'un génocide parce que l'Etat a planifié, a organisé, a mis à exécution ce génocide", poursuit-il sur un ton solennel, insistant sur la responsabilité du président tutsi d'alors, Michel Micombero.

- "Agenda politique" -

Mais la qualification de génocide ne fait pas l'unanimité au Burundi, où le sujet est très sensible et où certains dénoncent une instrumentalisation par le régime, désormais hutu, de la CVR, composée presque exclusivement de cadres du parti au pouvoir.

Durant ses enquêtes, la CVR a été accusée de partialité pour avoir concentré ses recherches sur les sites où des Hutu étaient enterrés, et ignoré ceux où se trouvaient des victimes tutsi.

"Il y a quand même un problème d'agenda politique dans cette histoire", estime l'historien Evariste Ngayimpenda, déplorant la volonté de "légitimation ethnique" des régimes burundais successifs.

"Du temps où les Tutsi étaient au pouvoir (...) l'évitement du péril hutu était une thématique constante et aujourd'hui, c'est l'inverse, c'est l'évitement du péril tutsi, qui est aussi une thématique constante".

Selon le recteur de l'université du Lac Tanganyika, à Bujumbura, le travail de la CVR a également "pêché par déficit méthodologique" - il questionne notamment la datation des fosses - et par l'absence de recours à l'expertise internationale, notamment de l'ONU.

Près de Gitega, Laetitia et son mari, Emmanuel Berakumenyo, espèrent que ce 50e anniversaire, pour lequel l'Etat n'a pas annoncé de commémorations officielles, soit l'occasion de cicatriser un passé douloureux.

"Ce sont des conflits qui pourront peut-être se terminer petit à petit, mais il faut que l'administration prête main forte", estime l'ancien enseignant, rescapé des massacres.

(H.Schneide--BBZ)