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Le président russe Vladimir Poutine a proclamé lundi que son armée combattait en Ukraine pour défendre "la patrie" face à la "menace inacceptable" que représente son voisin soutenu par l'Occident, devant des milliers de soldats russes défilant sur la place Rouge pour marquer l'anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie.
Peu avant, le président ukrainien Volodymyr Zelensky promettait de son côté que son pays ne laisserait pas Moscou "s'approprier la victoire sur le nazisme" et se disait confiant dans une victoire prochaine de l'Ukraine contre les forces russes.
"Je m'adresse à nos forces armées: vous vous battez pour la patrie, pour son avenir", a déclaré Vladimir Poutine au cours des commémorations de la fin de la guerre, organisées le 9 mai en Russie.
Revenant sur sa décision de lancer ses forces en Ukraine le 24 février, il a répété que les autorités ukrainiennes préparaient une attaque contre des séparatistes prorusses dans l'est du pays, voulaient se doter de la bombe atomique et étaient soutenus par l'Otan.
"Une menace absolument inacceptable se constituait, directement à nos frontières", a-t-il affirmé, accusant encore une fois son voisin de néonazisme, et s'engageant à "faire tout pour que l'horreur d'une guerre globale ne se répète pas".
Loin de Moscou, dans le défilé de Novossibirsk, en Sibérie, des véhicules datant de la Seconde Guerre mondiale, frappés d'un Z, ont roulé à travers la ville.
- "20.000 cercueils" -
Après son discours, 11.000 soldats, des dizaines de véhicules, dont des lance-missiles stratégiques, des chars sont passés sur la place Rouge. Parmi eux, des unités revenant du front ukrainien.
La partie aérienne a elle dû être annulée à cause d'une météo défavorable.
Dans un message vidéo posté une heure avant le discours du président russe, Volodymyr Zelensky a déclaré: "Nous ne laisserons personne annexer cette victoire, se l'approprier".
"Le jour de la victoire sur les nazis, nous nous battons pour une autre victoire, la voie vers cette victoire est longue mais nous n'avons pas de doutes sur notre victoire", a-t-il insisté, marchant dans l'avenue centrale de Kiev, Khrechtchatyk. "Nous avons vaincu à l'époque, nous vaincrons maintenant".
Deux mois et demi après l'entrée des forces russes sur le territoire de leur voisin, les combats se concentrent dans l'Est, la Russie ayant dû revoir à la baisse son ambition de prendre le pays et Kiev, sa capitale, face à la résistance acharnée des Ukrainiens, armés par les Occidentaux.
"Poutine aurait mieux fait de faire participer des dizaines de soldats russes blessés à ce défilé en Russie", a ironisé Ievguen Ienine, Premier vice-ministre de l'Intérieur ukrainien dans une vidéo postée sur le compte Telegram du ministère.
"Ou bien de faire porter 20.000 cercueils à travers la place Rouge afin que les mères russes voient comment leurs fils sont morts ou ont été estropiés en Ukraine", a-t-il poursuivi.
- Sirènes à Kiev -
"Les pays de l'OTAN n'avaient pas l'intention d'attaquer la Russie. L'Ukraine n'avait pas l'intention d'attaquer la Crimée. L'armée russe est en train de mourir non pas en défendant son pays, mais en essayant d'en occuper un autre", a déclaré Mikhaïlo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne dans un tweet en réponse aux arguments réitérés lundi par Vladimir Poutine.
"Il n'y avait aucune raison rationnelle à cette guerre, à l'exception de douloureuses ambitions impériales de la Russie", a-t-il ajouté.
A Kiev, ce jour de commémoration était peu visible, alors que la vie reprend peu à peu son cours après les batailles féroces menées en mars entre forces russes et ukrainiennes dans la banlieue de la capitale.
La place de l'Indépendance, le célèbre Maïdan était quasiment vide, sous la surveillance de quelques patrouilles de police, tandis que le calme était rompu de temps en temps par le hurlement des sirènes.
"Quoi qu'il dise, nous devons faire ce qu'il faut pour gagner et libérer notre terre. c'est tout", dit Mykola, 75 ans, diplomate à la retraite en référence à Vladimir Poutine. "Cela fait encore plus peur maintenant et il est donc important d'être attentif et de répondre aux sirènes ou à tout autre mise en garde", dit Diana, 24 ans, employée dans les médias, en se promenant sur Maïdan.
Soixante civils ont péri dans le bombardement russe d'une école dans l'est de l'Ukraine, avait déclaré dimanche soir le président ukrainien lors d'un sommet du G7. "Ils essayaient de trouver refuge dans le bâtiment d'une école ordinaire qui a été visée par une frappe aérienne russe", a-t-il dit.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est dit "horrifié" par le bombardement.
Dans un discours attendu lundi, le ministre britannique de la Défense Ben Wallace estime que les généraux russes devraient être traduits devant une cour martiale pour leurs actes en Ukraine et appelle ainsi à dénoncer leur "absurdité", resplendissants dans leurs uniformes de parade, alourdis par leurs nombreuses médailles, totalement complices du détournement par Poutine de la fière histoire de leurs ancêtres".
"Au lieu de cela maintenant, ce sont eux qui infligent des souffrances inutiles au service d'un gangstérisme de bas étage", dénonce le ministre britannique.
- "Batailles intenses" -
Sur le terrain lundi "des batailles très intenses se déroulaient autour de Roubijné et de Bilogorivka" dans la région de Lougansk, a indiqué le gouverneur Serguiï Gaïdaï. "De féroces batailles font rage à Bilogorivka. l'aviation, l'artillerie et les mortiers y sont actifs. Beaucoup de combattants des deux côtés", décrit-il.
La Russie n'a jusqu'à présent pu revendiquer le contrôle complet que d'une ville d'importance, Kherson (sud), et l'offensive militaire que nombre d'experts prédisaient comme fulgurante a été marquée par des déconvenues, notamment logistiques.
Après avoir échoué aux portes de Kiev face à des forces ukrainiennes plus motivées que prévu et armées par les Occidentaux, l'état-major russe a dû revoir ses objectifs à la baisse en resserrant l'offensive sur l'est et le sud du pays.
A Marioupol, port du sud-est ukrainien presque entièrement sous contrôle russe, les militaires ukrainiens qui résistent toujours dans l'immense aciérie Azovstal ont exclu de se rendre.
"Capituler n'est pas une option car notre vie n'intéresse pas la Russie. Nous laisser en vie ne lui importe pas", a déclaré dimanche Ilya Samoïlenko, un officier du renseignement.
burx-uh/neo/lpt
(U.Gruber--BBZ)