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Le Premier ministre socialiste Antonio Costa a nettement remporté les élections législatives au Portugal dimanche, un scrutin marqué par une percée de l'extrême droite et qui n'écarte pas totalement le spectre de l'instabilité politique.
Car M. Costa - lâché en octobre par ses anciens alliés de la gauche radicale, ce qui a provoqué la convocation de ces élections -, ne semble pas être parvenu à conquérir la majorité absolue au Parlement, comme lors des dernières législatives de 2019.
L'ancien maire de Lisbonne, âgé de 60 ans et au pouvoir depuis 2015, n'aura donc pas d'autre choix que de continuer à gouverner en minorité en cherchant des soutiens au Parlement.
Les résultats officiels seront connus plus tard ans la soirée.
"Il y a clairement une victoire et un renforcement du Parti socialiste (...). Cela signifie que les Portugais souhaitent que le PS gouverne et veulent de la tranquillité dans leurs vies", a déclaré M. Costa à la télévision publique RTP.
Globalement, le Parlement semble parti pour rester à gauche, le Bloc de Gauche totalisant trois à dix sièges et la coalition communistes/verts entre trois et huit.
- Percée de l'extrême droite -
Alors qu'il espérait pouvoir créer la surprise, le principal parti d'opposition, le Parti social-démocrate (PSD, droite) de Rui Rio, arrive en deuxième position avec 27 à 35% des voix, et 75 à 95 élus.
En dépit d'un "certain désenchantement" envers le PS, la majorité des électeurs a visiblement jugé que le Premier ministre sortant avait "plus de compétences et d'expérience pour gouverner" que M. Rio, expliquait la politologue Marina Costa Lobo avant le vote.
"J'ai voté pour les socialistes car nous avons besoin d'eux en ce moment difficile", a notamment confié à l'AFP à Lisbonne Manuel Pinto, un ancien menuisier de 68 ans.
Ce scrutin a aussi été marqué par une percée du parti d'extrême droite Chega (Assez), qui avec six à 14 élus et jusqu'à 8,5% des voix, pourrait être propulsé au rang de troisième force du pays, alors qu'il ne comptait qu'un seul député dans le Parlement sortant.
Le Portugal avait longtemps fait exception en Europe car depuis la fin de la dictature en 1974 et jusqu'au dernier scrutin de 2019, ce pays de 10 millions d'habitants ne comptait pas de parti d'extrême droite représenté au Parlement.
"Les gens ont compris notre message", s'est réjoui le numéro un de Chega, André Ventura, qui a jugé "mauvais pour le pays qu'Antonio Costa continue d'être Premier ministre".
- Gouvernement minoritaire -
Arrivé au pouvoir il y a sept ans grâce à une alliance historique forgée avec la gauche radicale (Bloc de Gauche et communistes), Antonio Costa ne cesse de se targuer d'avoir "tourné la page de l'austérité" budgétaire mise en œuvre par la droite, sous la surveillance de la "Troïka" (BCE-FMI-UE), en pleine crise de la dette.
Mais, alors que son gouvernement minoritaire comptait aussi "tourner la page de la pandémie" grâce à une couverture vaccinale record et au plan européen de relance post-Covid, il a été stoppé dans son élan par ses anciens alliés, qui ont rejeté son projet de budget pour 2022 et ainsi provoqué la convocation de ce scrutin anticipé.
Le scénario d'une nouvelle union de la gauche, aussi large que celle de 2015, semble peu probable dans la mesure où M. Costa avait fustigé l'"irresponsabilité" de ses ex-partenaires de provoquer une crise politique alors que le Portugal doit mettre en œuvre son plan d'investissement de 16 milliards d'euros financé par l'Union européenne.
Avant sa victoire, M. Costa avait donc confié qu'il préférait continuer à gouverner seul, en négociant le soutien du Parlement avant chaque vote ou en s'associant à des petits partis.
Enfin, M. Costa pourrait également se tourner vers son rival Rui Rio et négocier avec lui l'abstention du PSD lors du vote du budget afin de pouvoir le faire adopter dans les plus brefs délais.
(S.G.Stein--BBZ)