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Le Bangladesh est officiellement entré en période électorale: les législatives promises après les émeutes meurtrières de l'été 2024 et la chute de l'ex-Première ministre Sheikh Hasina auront lieu le 12 février, a annoncé jeudi la commission en charge de les organiser.
Les Bangladais se prononceront le même jour sur une série de réformes constitutionnelles destinées à renforcer la démocratie, a déclaré devant la presse son président, AMM Nasir Uddin.
La date de ce scrutin était attendue avec impatience dans ce pays de 170 millions d'habitants à très large majorité musulmane, où les tensions politiques n'ont pas faibli depuis les manifestations de l'an dernier.
"Je prie instamment tout le monde de participer à l'élection et au référendum, et à contribuer à en faire un succès historique dans le processus démocratique du pays", a ajouté M. Nasir Uddin.
"Je pense sincèrement qu'avec votre participation active et responsable, nous pourrons construire un pays moderne, juste et prospère", a renchéri le chef du gouvernement provisoire, le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus.
Le parti de Mme Hasina, la Ligue Awami, avait largement remporté les dernières législatives en janvier 2024 en raflant 222 des 350 sièges du Parlement, une victoire alors amplement dénoncée comme frauduleuse.
La Ligue Awami a été interdite depuis la chute de la "bégum de fer" et ne participera donc pas à ce scrutin.
Sheikh Hasina a été condamnée à mort en son absence le mois dernier pour avoir ordonné aux forces de sécurité de tirer sur la foule en 2024, ce qu'elle a toujours catégoriquement démenti. Selon l'ONU, ces émeutes ont fait au moins 1.400 morts, surtout des civils.
Victime de la répression de l'ex-cheffe du gouvernement tout au long de son règne (2009-2024), le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP) fait donc figure du favori du scrutin.
- "Histoire" -
Sa campagne devait être dirigée par l'ex-Première ministre Khaleda Zia, 80 ans, ayant même prévu de briguer un siège de parlementaire qui lui aurait offert, en cas de victoire, un quatrième mandat à la tête du pays.
Mais elle a été hospitalisée en urgence le mois dernier à Dacca et, si son état le permet, devrait être transportée au Royaume-Uni pour y être soignée.
C'est donc son fils Tarique Rahman, 60 ans, en exil à Londres depuis 2008 après une condamnation pour corruption dans son pays, qui devrait mener le parti aux élections législatives.
"Elles constituent un moment très significatif dans l'histoire politique du Bangladesh", a réagi jeudi un des dirigeants du BNP, Mirza Fakhrul Islam Alamgir. "Nous espérons que la commission restera impartiale et assurera un scrutin, libre, honnête et festif".
Le BNP devra compter sur le principal parti islamiste, le Jaamat-e-Islami, lui aussi interdit pendant l'ère Hasina, qui est revenu en force en organisant notamment de nombreux rassemblements de masse.
Créé par des chefs de la fronde étudiante de 2024, le Parti national des citoyens (NCP) tentera de faire son entrée dans le paysage politique en convertissant en sièges de députés la colère qui s'est exprimée l'an dernier.
Le référendum porte sur l'adoption de la charte de réformes promues par Muhammad Yunus afin, a-t-il dit, d'empêcher le retour de tout régime autocratique.
Adoptée en octobre après d'âpres tractations, ce document limite notamment à deux le nombre de mandats du Premier ministre, renforce les pouvoirs du président et réaffirme le caractère multiethnique et multireligieux du pays.
(Y.Berger--BBZ)