Berliner Boersenzeitung - En France, un cimetière d'enfants harkis oublié depuis 42 ans ressurgit du passé

EUR -
AED 4.167939
AFN 79.053576
ALL 98.566673
AMD 435.679525
ANG 2.030853
AOA 1041.145176
ARS 1343.119996
AUD 1.764513
AWG 2.043983
AZN 1.933594
BAM 1.958135
BBD 2.289911
BDT 138.584042
BGN 1.95528
BHD 0.425828
BIF 3375.795924
BMD 1.134758
BND 1.463933
BOB 7.836207
BRL 6.501715
BSD 1.134142
BTN 97.078912
BWP 15.233031
BYN 3.711493
BYR 22241.260943
BZD 2.278097
CAD 1.559328
CDF 3251.082686
CHF 0.932791
CLF 0.027899
CLP 1070.599431
CNY 8.175143
CNH 8.177272
COP 4714.920368
CRC 576.182026
CUC 1.134758
CUP 30.071093
CVE 110.396649
CZK 24.931085
DJF 201.669676
DKK 7.459678
DOP 66.950429
DZD 149.326762
EGP 56.2105
ERN 17.021373
ETB 151.760501
FJD 2.565734
FKP 0.841365
GBP 0.842934
GEL 3.109681
GGP 0.841365
GHS 11.624658
GIP 0.841365
GMD 81.702995
GNF 9826.631768
GTQ 8.71031
GYD 237.287606
HKD 8.897583
HNL 29.549238
HRK 7.534232
HTG 148.315561
HUF 403.770107
IDR 18574.516735
ILS 3.993152
IMP 0.841365
INR 97.099729
IQD 1485.671679
IRR 47801.690055
ISK 144.39842
JEP 0.841365
JMD 180.785589
JOD 0.804588
JPY 163.456291
KES 146.615074
KGS 99.235042
KHR 4542.376804
KMF 493.056748
KPW 1021.283594
KRW 1569.348346
KWD 0.348224
KYD 0.945119
KZT 579.836351
LAK 24505.006535
LBP 101614.885894
LKR 339.662057
LRD 226.818485
LSL 20.30964
LTL 3.350646
LVL 0.686404
LYD 6.212408
MAD 10.486221
MDL 19.676291
MGA 5186.138824
MKD 61.519211
MMK 2382.622989
MNT 4058.904078
MOP 9.161945
MRU 44.832241
MUR 51.926965
MVR 17.543791
MWK 1966.562477
MXN 22.04847
MYR 4.830103
MZN 72.522825
NAD 20.30982
NGN 1802.291504
NIO 41.739407
NOK 11.595003
NPR 155.325859
NZD 1.904916
OMR 0.434347
PAB 1.134132
PEN 4.108163
PGK 4.656738
PHP 63.285891
PKR 319.732567
PLN 4.250982
PYG 9061.806302
QAR 4.133994
RON 5.054671
RSD 117.725534
RUB 87.581498
RWF 1603.998651
SAR 4.257488
SBD 9.476102
SCR 16.133055
SDG 681.426477
SEK 10.883924
SGD 1.465885
SHP 0.891742
SLE 25.782127
SLL 23795.312556
SOS 648.167234
SRD 42.234003
STD 23487.203908
SVC 9.923747
SYP 14753.809642
SZL 20.303033
THB 37.22421
TJS 11.342075
TMT 3.977328
TND 3.390543
TOP 2.657722
TRY 44.47776
TTD 7.701116
TWD 33.948604
TZS 3058.17376
UAH 47.113452
UGX 4122.880246
USD 1.134758
UYU 47.228193
UZS 14480.842814
VES 107.627873
VND 29528.110798
VUV 137.139385
WST 3.139852
XAF 656.728581
XAG 0.034391
XAU 0.000345
XCD 3.066741
XDR 0.816745
XOF 656.74017
XPF 119.331742
YER 276.711202
ZAR 20.418323
ZMK 10214.189682
ZMW 30.195476
ZWL 365.391681
  • AEX

    -1.2900

    922.93

    -0.14%

  • BEL20

    4.5000

    4502.08

    +0.1%

  • PX1

    -28.0100

    7751.89

    -0.36%

  • ISEQ

    -63.1100

    11411.72

    -0.55%

  • OSEBX

    -3.2900

    1561.61

    -0.21%

  • PSI20

    12.5400

    7388.45

    +0.17%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    -29.6900

    2620.9

    -1.12%

  • N150

    -8.2600

    3581.75

    -0.23%

En France, un cimetière d'enfants harkis oublié depuis 42 ans ressurgit du passé
En France, un cimetière d'enfants harkis oublié depuis 42 ans ressurgit du passé

En France, un cimetière d'enfants harkis oublié depuis 42 ans ressurgit du passé

"Ici c'est une tombe... là aussi, les monticules ont refait surface", s'émeut Nadia. Puis elle dépose une peluche sur un tas de terre couvert de pierres. Dessous, la tombe d'un enfant de Harkis, mort dans un camp du sud de la France puis enterré indignement il y 59 ans. Ce cimetière sauvage, récemment débroussaillé, sera bientôt le théâtre de fouilles historiques pour sauver ces enfants de l'oubli.

Taille du texte:

Dans quelques semaines, ce cimetière de fortune situé sur un terrain militaire, où de nombreux nourrissons ont été enterrés sans sépulture décente entre 1962 et 1964, fera l'objet de fouilles décidées par les autorités, pour retrouver les traces de tombes et tenter de réparer ce pan tragique et méconnu de l'histoire franco-algérienne.

Ce sont des archéologues de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) qui effectueront ces fouilles, qui dureront "plusieurs jours", a annoncé à l'AFP la ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, Geneviève Darrieussecq.

Mais en ce début février, seul le grondement d'un vent glacé déchire le silence de ce champ et bois de chênes de la localité de Laudun-L'Ardoise (sud), faisant vaciller des peluches accrochées dans les arbres ou posées au sol par des anonymes.

Sur plusieurs dizaines de mètres, des monticules de terre, parfois alignés en rangées - où des pierres ont été disposées pour les marquer, selon le rite musulman - ont émergé de ronces touffues grâce au débroussaillage.

"Ca m'émeut et m'attriste de savoir que ces dépouilles sont ici depuis 59 ans, cachées dans ce passé douloureux... ces enfants sont nos compatriotes et ils ont été oubliés", dit à l'AFP Nadia Ghouafria, 50 ans, fille de Harkis, et dont les parents ont vécu dans l'ancien camp de Harkis voisin de Saint-Maurice-l'Ardoise.

"Mais ça me soulage aujourd'hui de voir que ces enfants sont visibles, qu'ils vont retrouver une existence et être réhabilités", ajoute-t-elle.

- "Faute de la République" -

Français musulmans recrutés comme auxiliaires de l'armée française pendant la guerre d'indépendance algérienne (1954-1962), les Harkis sont, à l'issue de cette guerre, abandonnés par la France.

Environ 90.000 d'entre eux et leurs familles fuient l'Algérie et sont accueillis en France.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont parquées dans des "camps de transit et de reclassement" gérés par l'armée, aux conditions de vie déplorables.

Parmi les personnes décédées dans ces camps, une grande majorité étaient des bébés morts-nés ou des nourrissons, selon le récit de l'historien Abderahmen Moumen et les témoignages de familles révélés par l'AFP en septembre 2020 dans une enquête exclusive fruit de plusieurs mois d'investigation.

L'AFP avait aussi révélé l'existence de ce cimetière sauvage de St-Maurice-l'Ardoise - découvert peu avant dans des archives locales par Nadia - et d'un procès verbal de gendarmerie daté de 1979 compromettant pour les autorités.

Dans plusieurs régions de France, il y a près de 60 ans, des dizaines de ces bébés ont été enterrés sans sépulture décente par leurs proches ou par des militaires, dans les camps ou à proximité, dans des champs. Avec le temps, les cimetières ont disparu sous les herbes folles, et les familles de Harkis, relocalisées dans d'autres régions, ont enfoui au plus profond d'elles mêmes les fantômes de ce passé traumatique.

Entre fin 1962 et 1964, 70 personnes (dont 60 jeunes enfants) décèdent ainsi aux camps de St-Maurice et de Lascours, dont au moins une dizaine de bébés morts-nés à l'infirmerie du camp de St-Maurice où une épidémie de rougeole s'était déclenchée.

Trente-et-une personnes, en grande majorité de très jeunes enfants, sont alors enterrées dans ce champ à Laudun-L'Ardoise, aux abords d'une route peu fréquentée.

"Dans ces camps, la République n'a pas été à la hauteur de ses valeurs", a commenté mardi dans un entretien à l'AFP Geneviève Darrieussecq. "Tout cela doit être dit, connu et reconnu comme une faute de la République".

Elle qualifie le site de St-Maurice-l'Ardoise de "cimetière illégal, de fortune, puisque ce ne sont pas les règles d'inhumation dans notre pays", ajoutant: "c'est une erreur, c'est un manquement" de l'Etat. "Tout cela est tragique et je comprends que le ressenti des familles qui vivaient là, des Harkis, soit très fort par rapport à ces faits".

- "Pratiques indignes" -

Membre de l'association locale de l'Aracan - qui effectue des recherches sur les lieux de mémoire harkis - Nadia est une lanceuse d'alerte à sa manière.

A l'issue de deux ans de démarches auprès des archives locales, elle a découvert en 2019 le dossier du "+cimetière provisoire du camp de St-Maurice l'Ardoise+.

Or ce dossier contient un procès verbal de la gendarmerie daté de 1979, aux termes édifiants, qui atteste que les autorités de l'époque connaissaient l'existence de ce cimetière.

Ses auteurs conseillent même de ne "pas trop ébruiter l'affaire qui risquerait d'avoir des rebondissements fâcheux notamment si cela était porté à la connaissance des responsables du mouvement de défense des rapatriés d'Algérie, anciens harkis".

L'Aracan interpelle: pourquoi les autorités, informées en 1979 de l'existence du cimetière alors que les corps ou ossements des enfants auraient encore pu être retrouvés - car aujourd'hui ces chances sont infimes - et remis à leurs familles grâce aux contacts avec les associations, n'ont-elles pas agi ?

Interrogée, la ministre juge que ce "sont des choses qui sont moralement anormales vis-à-vis de ces familles". "Il y a eu là des pratiques indignes". Selon elle, la portée des fouilles c'est notamment "la reconnaissance" et "le chemin vers le pardon qu'a souhaité le président de la République".

Dans un discours qui a fait date, Emmanuel Macron a, le 20 septembre dernier, demandé "pardon" aux Harkis au nom de la France.

L'Aracan s'est dite "satisfaite" que des fouilles soient entreprises.

Depuis une marche blanche organisée le 14 juillet 2021, plusieurs familles se sont rapprochées de l'association pour savoir si "leur frère, leur soeur, leurs cousins" figuraient sur le registre d'inhumation du cimetière, explique Nadia.

Ces familles "sont en quête de vérité" et de "réponses à leurs questions", pour la "mémoire de leurs parents", souffle-t-elle, avant de contempler les monticules de terre enveloppés de silence.

(S.G.Stein--BBZ)