Berliner Boersenzeitung - Le plan « Riviera » pour Gaza

EUR -
AED 4.267023
AFN 77.007701
ALL 96.439364
AMD 443.445613
ANG 2.079839
AOA 1065.449237
ARS 1674.864188
AUD 1.750447
AWG 2.094299
AZN 1.971876
BAM 1.953002
BBD 2.341715
BDT 142.084024
BGN 1.952676
BHD 0.438044
BIF 3435.789642
BMD 1.161886
BND 1.507601
BOB 8.051467
BRL 6.353541
BSD 1.162719
BTN 104.550236
BWP 15.496402
BYN 3.361298
BYR 22772.95855
BZD 2.33845
CAD 1.608602
CDF 2593.328501
CHF 0.938777
CLF 0.027405
CLP 1075.080899
CNY 8.216508
CNH 8.20799
COP 4493.790234
CRC 568.485665
CUC 1.161886
CUP 30.789969
CVE 110.105383
CZK 24.291076
DJF 207.043418
DKK 7.468926
DOP 74.870817
DZD 151.173175
EGP 55.190379
ERN 17.428285
ETB 180.581324
FJD 2.639572
FKP 0.87234
GBP 0.874157
GEL 3.131312
GGP 0.87234
GHS 13.289963
GIP 0.87234
GMD 85.39837
GNF 10107.347604
GTQ 8.906089
GYD 243.211608
HKD 9.041968
HNL 30.622344
HRK 7.523096
HTG 152.26795
HUF 383.857387
IDR 19379.206783
ILS 3.745652
IMP 0.87234
INR 104.399377
IQD 1523.078918
IRR 48944.432372
ISK 148.500973
JEP 0.87234
JMD 186.041101
JOD 0.823752
JPY 182.149968
KES 150.11248
KGS 101.606692
KHR 4656.329974
KMF 492.639682
KPW 1045.693096
KRW 1708.86078
KWD 0.356745
KYD 0.968887
KZT 599.611079
LAK 25215.879153
LBP 104119.552459
LKR 358.859769
LRD 205.211626
LSL 19.824261
LTL 3.430746
LVL 0.702813
LYD 6.32386
MAD 10.760101
MDL 19.74221
MGA 5187.568993
MKD 61.54105
MMK 2440.013025
MNT 4121.535991
MOP 9.31897
MRU 46.16907
MUR 53.621
MVR 17.904612
MWK 2016.111992
MXN 21.184463
MYR 4.781155
MZN 74.30974
NAD 19.824091
NGN 1688.359681
NIO 42.788523
NOK 11.794946
NPR 167.276064
NZD 2.011346
OMR 0.446778
PAB 1.162734
PEN 3.909532
PGK 4.933848
PHP 68.932356
PKR 325.92741
PLN 4.233522
PYG 8130.143938
QAR 4.237775
RON 5.089591
RSD 117.417837
RUB 89.40976
RWF 1692.239516
SAR 4.360048
SBD 9.555142
SCR 15.791224
SDG 698.888048
SEK 10.891505
SGD 1.507535
SHP 0.871715
SLE 27.77082
SLL 24364.158773
SOS 663.332672
SRD 44.872607
STD 24048.686917
STN 24.464639
SVC 10.173252
SYP 12846.921959
SZL 19.821095
THB 37.021133
TJS 10.714252
TMT 4.0666
TND 3.417604
TOP 2.797542
TRY 49.492384
TTD 7.87472
TWD 36.207825
TZS 2846.620365
UAH 49.082657
UGX 4119.046436
USD 1.161886
UYU 45.434135
UZS 13955.768634
VES 299.308941
VND 30641.829049
VUV 141.336734
WST 3.236441
XAF 655.018709
XAG 0.019641
XAU 0.000277
XCD 3.140054
XCG 2.095498
XDR 0.813836
XOF 655.010265
XPF 119.331742
YER 277.168326
ZAR 19.846287
ZMK 10458.367604
ZMW 26.887485
ZWL 374.126702
  • AEX

    1.9800

    947.08

    +0.21%

  • BEL20

    -26.6500

    5001.61

    -0.53%

  • PX1

    -55.9500

    8052.51

    -0.69%

  • ISEQ

    -25.5400

    12745.32

    -0.2%

  • OSEBX

    -2.1300

    1638.15

    -0.13%

  • PSI20

    -109.0500

    8090.5

    -1.33%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    -33.0700

    4318.51

    -0.76%

  • N150

    -6.6500

    3685.76

    -0.18%


Le plan « Riviera » pour Gaza




Au début de septembre 2025, un document programmatique de 38 pages détaillant une vision dite de « reconstitution » de la bande de Gaza circule au sein de l’administration américaine. Il propose de placer le territoire sous une tutelle dirigée par les États‑Unis pour au moins une décennie, avec un objectif affiché : transformer Gaza en pôle touristique et technologique — une « Riviera » assortie de villes intelligentes, d’îles artificielles et d’une zone économique spéciale. Le projet, qui s’inspire de logiques de méga‑infrastructures régionales, déclenche une controverse immédiate, sur fond de crise humanitaire et de combats persistants.

Un prospectus de 38 pages et une tutelle américaine
Le texte, baptisé « GREAT Trust » (Gaza Reconstitution, Economic Acceleration and Transformation), décrit une gouvernance transitoire sous forme de « custodian‑ship » conduite par Washington, d’abord via un accord bilatéral avec Israël, avant une possible extension multilatérale. Israël conserverait un droit de regard sécuritaire « supérieur », tandis que l’autorité administrative quotidienne serait progressivement transférée à la structure de tutelle, dans l’attente d’une entité palestinienne « réformée ».

Relocalisation « volontaire » et incitations financières
Le cœur du dispositif réside dans la « relocalisation volontaire » de la population de Gaza, présentée comme temporaire ou durable. Des incitations financières individuelles sont prévues (versements en espèces, aides au loyer sur plusieurs années, subventions alimentaires), parallèlement à la création de zones de transition humanitaire pour les personnes restant sur place. Les auteurs du plan vont jusqu’à chiffrer des « économies » budgétaires liées à chaque point de pourcentage de population quittant la bande.

Un urbanisme de rupture : villes IA, anneaux routiers et îles
Sur le plan spatial, le document projette 6 à 8 « villes intelligentes » alimentées par des systèmes numériques d’identification et des services gérés par l’IA, reliées par un anneau autoroutier et un tramway. Il inclut la réhabilitation d’un port (prolongement d’al‑Arich), un petit aéroport à Dahaniya, des usines de dessalement et d’énergie solaire dans le Sinaï, ainsi que des stations‑data présentées comme « sanctuarisées ». Une « Riviera » de resorts s’étendrait sur le littoral et sur des îles artificielles inspirées de projets déjà visibles dans le Golfe. Une zone industrielle dite « Elon Musk Smart Manufacturing Zone » est même esquissée le long de la frontière.

Tokenisation foncière et promesse de rendement
Le financement se veut « innovant » : constitution d’un « land trust » agrégeant des terres publiques (baux de 25 à 99 ans) et des apports privés volontaires, puis « tokenisation » des droits fonciers. Les propriétaires recevraient des « tokens » échangeables contre des logements reconstruits. Le prospectus avance un cadrage macroéconomique ambitieux : 70 à 100 milliards de dollars d’investissements publics déclenchant des apports privés complémentaires, un portefeuille d’actifs de plus de 300 milliards à terme, un retour global présenté comme largement positif sur dix ans, et jusqu’à un million d’emplois directs et indirects.

Dispositif humanitaire parallèle
Avant et pendant la reconstruction, une fondation humanitaire dédiée serait chargée d’acheminer l’aide et d’héberger la population dans des complexes sécurisés, en coordination avec des ONG partenaires. Ce maillage logistique et sécuritaire, dissocié de toute présence de groupes armés, doit, selon les promoteurs du projet, « dérisquer » l’intervention, accélérer la distribution et stabiliser les flux de personnes.

Obstacles massifs et risques juridiques
Sur le terrain, le plan reconnaît lui‑même l’ampleur des opérations préalables : déminage d’un territoire saturé d’engins non explosés, déblaiement intégral des gravats en plusieurs années, rétablissement des réseaux d’eau et d’électricité, reconstruction d’hôpitaux et d’écoles. Au‑delà de ces défis, des juristes alertent sur la ligne de crête entre « relocalisation volontaire » et transfert forcé de population — un point cardinal du droit international humanitaire. Le défaut d’accord explicite et durable des habitants, l’absence de garantie de retour effectif et la mise sous tutelle externe sans horizon politique clair sont régulièrement identifiés comme des sources de contentieux majeurs.

Qui pilote, qui paie, qui gagne ?
Le montage repose sur des partenariats public‑privé, la mobilisation d’investisseurs états‑uniens et régionaux, et la promesse de rendements élevés. Des prestataires privés — y compris dans les fonctions de sécurité et d’ingénierie — sont mentionnés par diverses versions de travail. L’architecture financière prévoit aussi l’émission d’actifs numériques, la constitution d’un « fonds de richesse » au profit de futurs résidents, et un usage intensif des chaînes logistiques régionales (corridor IMEC, interconnexions avec l’Égypte, Israël et les pays du Golfe). Les promoteurs avancent que le projet ne pèserait pas sur le contribuable américain ; ses détracteurs y voient au contraire un « produit d’investissement » grevé de risques politiques et éthiques majeurs.

Conjoncture défavorable
La séquence s’inscrit alors que les opérations militaires se sont encore intensifiées autour de Gaza‑Ville et que de nouvelles évacuations massives ont été ordonnées, aggravant une crise humanitaire qualifiée d’extrême par plusieurs instances. Dans ces conditions, la faisabilité d’une reconstruction‑choc, sécurisée et rentable, paraît incertaine : accès humanitaire, sécurité des chantiers, acceptabilité sociale et reconnaissance internationale constituent autant de verrous.

Zones d’ombre
Plusieurs inconnues structurantes demeurent : consentement réel des populations concernées ; place des autorités palestiniennes dans la chaîne de décision ; garanties de retour pour les déplacés ; articulation avec un horizon politique (État, autonomie, autre) ; gouvernance et contrôle démocratique d’une tutelle conduite par une puissance extérieure ; et, enfin, compatibilité d’un schéma de « ville futuriste » avec le droit, l’histoire et l’identité d’un territoire éprouvé par des décennies de blocus et de guerre.
Dans l’immédiat, la bataille se joue moins sur des rendus architecturaux spectaculaires que sur une question simple et lourde : qui décide de l’avenir de Gaza — et sur quel mandat ?