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Avec ses cheveux longs, ses bagues et ses pantalons baggy, il peut revendiquer le titre de sportif chinois le plus cool: devenu mardi champion olympique de snowboard big air, Su Yiming dépoussière à 17 ans l'image des sportifs de son pays.
Eileen Gu a désormais de la concurrence: la star sino-américaine du ski freestyle, double médaillée lors des JO-2022 s'est retrouvée dans l'ombre de Su Yiming qui a raflé l'or mardi en big air, une semaine après une médaille d'argent en slopestyle.
Il a décroché dans la foulée une popularité phénoménale auprès de ses compatriotes: quelques heures après sa victoire, le mot-dièse "médaille d'or Su Yiming" avait été vu 750 millions de fois sur le réseau social Weibo.
Le snowboardeur incarne une nouvelle génération de sportifs chinois, à l'apparence plus décontractée que nombre de leurs collègues formés dans des instituts nationaux aux méthodes soviétiques.
"Le plus important, c'est l'amour. Le snowboard, ce n'est pas juste la compétition", résumait l'intéressé mardi après sa victoire.
Son insouciance affichée et sa passion pour le hip-hop ont séduit ses compatriotes à qui il cherche à faire découvrir et aimer le snowboard, discipline individualiste et téméraire s'il en est.
Son sport plonge ses racines dans la contre-culture californienne, comme son cousin le surf.
"Les snowboardeurs ont un style particulier, auquel Su Yiming s'adapte à merveille. C'est quelque chose qui a une résonance auprès des jeunes générations en Chine comme ailleurs", remarque Mark Dreyer, un spécialiste du sport chinois.
La semaine dernière, poussant la décontraction un peu loin, il avait crié "What the fuck!" ("putain de merde") en anglais en direct à la télévision à l'annonce de sa première place en slopestyle.
- Enfant prodige -
Su Yiming a l'habitude de la célébrité pour avoir fait du cinéma à l'âge de huit ans dans un film patriotique: "La Bataille de la Montagne du Tigre".
Originaire du glacial nord-est, il chausse sa première planche tout petit avant de rejoindre l'équipe nationale à l'âge de 14 ans.
Acharné, il a confié à la presse s'entraîner "320 jours par an", parfois six heures par jour. Lorsqu'il n'est pas à l'étranger, il passe l'été sur l'île tropicale de Hainan (sud), où il perfectionne son surf.
Son côté jeunesse dorée suscite des commentaires sur les réseaux sociaux, où certains le comparent défavorablement à la plongeuse Quan Hongchan, médaillée olympique aux Jeux d'été à Tokyo, qui a confié avoir besoin d'argent pour pouvoir payer les frais d'hôpitaux de sa mère.
Si Pékin continue à privilégier les disciplines les plus pourvoyeuses de médailles, le régime a quelque peu desserré son étreinte dans certaines disciplines, notamment celles liées aux sports d'hiver.
Cela a permis au marché de développer l'intérêt en faveur de sports plus séduisants aux yeux des jeunes générations qui ont grandi dans l'aisance, note Jinming Zheng, professeur de gestion du sport à l'Institut national d'éducation à Singapour.
Reste à savoir jusqu'où les sportifs comme Su Yiming pourront aller.
"Mon souci, c'est qu'à un moment donné, on le fasse rentrer dans le moule et qu'il devienne un snowboardeur sans personnalité", s'inquiète M. Dreyer.
"Il a tous les atouts pour devenir un grand ambassadeur de l'influence chinoise, mais peut-être pas du genre que la Chine veut".
(Y.Yildiz--BBZ)